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EVDM : l'arbre du Chambon

Souvenir de stage d'écriture et de trail
25 octobre 2025 par
Edition requinblanc, RICHARD Benoit
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L’arbre du Chambon 

Le plus grand et vieux platane se pavane, à la base du Chambon. Il incarne la sagesse et le rappel à l’ordre. Que rien ne sert de courir après le temps, que la flèche du r à l’arc est comme la volonté : elle finit par retomber. Je suis à l’ombre de ses branches, qui pleurent sans fautes ni douleurs, à l’automne et à la calfeutration des gens. Lui, l’hiver, ce n’est même pas un rhume. Le froid fortifie les âmes vigoureuses. L’arbre reçoit autant la bienveillance que la cruauté des homme. Ils s’assoient autour de lui pour le féliciter de sa longévité. En réalité, ils l’envient. Quand à un autre moment, ils lui brisent les branches et lui cassent les pieds. Ils le débitent en fagots pour le jeter dans une âtre. Ainsi l’être de bois est-il torturé, découpé, brulé vif, emmuré à vie dans les constructions sans vie de la modernité. Être aux abois, vieille souche, faire la planche, s’enraciner dans son histoire. Il n’y a pas d’homme qui ne soit arbre. On peut graver dessus son amour ou y être pendu à mort. Dessous, nombreux sont les déçus. Il y a des moments où l’injustice et le romantisme mélangent leurs feuilles, croisent leurs desseins et brisent leurs destins. 

À l’arbre du Chambon, à l’ombre des gens biens. Il n’y a qu’une place temporaire pour nous ici. Combien de jeunes, combien de vieux, combien d’années. Exténué, l’homme heureux s’écroule dans la cour. Il rêve de devenir arbre. D’être nourrissant comme ce platane a grandi ses souvenirs. Certes il y a là un message. Mais je crois également qu’il y a un dressage de la nature humaine. 

L’arbre papier, l’arbre fonction. Quand viendra le temps où l’on pourra produire de l’inspira on et de l’énergie des dépouilles humaines. Idée morbide à moi é déjà réalisée. Mort d’un arbre, c’est celle aussi d’une âme : son quartier, sa jeunesse, ses souvenirs comme dans un cimetière. Pour le survivant, le poursuivant. 

Comme un chêne qui pousse de travers, les âges passent avec leurs tempêtes, le passage des fêtes, de l’envol des têtes blondes aux volées de bois verts. Pis, des piquets bois pour esclave, ne mangeant pas à sa fin. Le gland ensemence le sol, se reproduit énormément et colonise la terre, nourrissant les cochons. Par-dessus, le grand-père ordonne à son futur, de passer le râteau sur le gravier. Je sépare le gland du gravier, comme le grain de l’ivraie. 

Mais revenons à nos moutons, pardon, à notre platane. Il sera toujours là. Et nous ne reviendrons pas. Est-ce que j’écris votre mort ou est-ce un simple manque d’imagina on ? C’est bizarre ce silence. Écoutez le silence de cet arbre. Il vous invite à écouter votre voix intérieure. Une feuille tombe, une larme également. Sans un bruit, partons.


25/10/25

Ce texte a été écrit lors d'un stage d'un week-end organisé par l'association Envoix des mots. C'était en 2024.

Très récemment, la tempête Benjamin a égratigné l'arbre (ainsi que blessé légèrement une éducatrice) Le platane est toujours debout, longue vie au platane du Chambon!

chambon arbre platane tempête benjamincrédit photo : Sandrine, chambon arbre platane tempête benjamin

Edition requinblanc, RICHARD Benoit 25 octobre 2025
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DMD - Celui qui
Premier texte de mon premier atelier d'écriture. Je crois.